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Mandor, c'est François Alquier. Journaliste de son état, créateur et rédacteur du site "Les chroniques de Mandor", il m'a chopé un après-midi à Paris et m'a Mandorisé.

Frédéric Staniland, je l’ai lu parce que je lis la plupart des ouvrages que sort mon éditrice, Laura Mare. Je m’efforce de ne pas « trop » mandoriser ses auteurs (mes collègues, donc). Mais, dans le cas de ce jeune auteur, je n’ai pu m’empêcher de céder à la tentation.

Le sujet d'Aponi m’intéressait, l’histoire était bien menée (tant est si bien

qu’on ne le lâche pas sans en connaître l’issue).

De plus, j’ai rencontré Frédéric Staniland au Salon du Livre de Paris 2011

puisque nous nous succédions en dédicaces. Et si humainement, ça fonctionne,

j’ai encore moins de mal à donner un coup de projecteur sur un livre. Et sur un homme.

Frédéric Staniland habite à Lyon. Il s’est arrangé pour venir à Paris.

Nous nous sommes retrouvés à « mon » agence le 27 avril dernier.

Mandor : Ton activité professionnelle a un rapport direct avec celui d'un de tes deux héros, Jean-Paul?
Frédéric Staniland : Oui, en effet. Je travaille à France Télévisions en tant que monteur

dans une rédaction nationale qui est à Lyon. On s’occupe de tous les programmes de France 3 Satellite.

- Tu écris en parallèle de ce métier. Considères-tu cette activité comme un loisir ?
- Non, comme un bonheur. Pique-niquer, c’est un loisir, se promener, aussi.

Écrire, c’est du travail et je n’y trouve pas la même forme de jubilation. Créer, inventer, écrire, c’est vraiment du bonheur.

- Jean-Paul, le héros est journaliste dans une rédaction qui s’appelle World News. On sent que tu aimes ces ambiances de rédaction.
- C’est un milieu que je connais, que j’aime bien et c’est plaisant à raconter, mais c’est surtout un milieu où il y a plein de personnages différents et donc sources d’inspirations…

- Dans Aponi, l’action se situe à 6 mois de la date fatidique de la fin du monde, selon le calendrier maya, le 21 décembre 2012. Tu explores aussi toutes les autres croyances concernant la fin du monde. Tu y crois en cette fin du monde ?
- Je ne crois pas à cette fin du monde. Je rejoins le deuxième personnage de l’histoire, qui s’appelle Marcel. L’humanité d’aujourd’hui ne me plait pas beaucoup. Le monde occidental tel qu’il est n’est pas exempt de tout reproche. Cette prophétie, si je voulais être totalement honnête, je dirais que ce serait bien qu’elle se réalise. Je suis très heureux dans ce monde-là et tout va bien pour moi, mais au fond, je me dis que si ça arrivait, le monde repartirait peut-être sur d’autres bases.

- C’est peut-être égoïste, mais moi je ne suis pas prêt à me sacrifier pour les générations futures. Je veux dire, complètement disparaître de la surface du monde.
- Eh bien, moi si. Mais au fond, la base de mon livre, ce n’est pas la prophétie, mais l’histoire amérindienne. Je me sens plus proche de Marcel que de Jean-Paul. L’histoire de ce type qui se lève un jour en pleine nature et qui entend des coups de feu, des femmes et des enfants crier…

- Marcel poursuit sa quête amérindienne. II doit effectuer des rites pendant 4 ans, une semaine par an. Tu as fait ça toi-même ?
- Non, moi, je n’ai fait ça qu’une nuit. Tous les ans en tout cas, je fais ce camp, parce que ma femme le fait. La culture amérindienne est une culture que je trouve intéressante et respectueuse. Dans ces camps, il y a les quêteurs, ça, c’est l’histoire de Marcel, mais il y a aussi des rites de passage pour les enfants de 7 ans et pour les enfants de 14 ans.

- Les tiens ont fait ces rites ?
- Mes deux filles, oui. Moi, je suis plus romancier que quêteur. Mais dans les camps, les jeunes hommes qui font ce rite de passage doivent monter une journée. Imagine, tu te lèves le jeudi matin, tu  ne déjeunes pas. À midi tu pars dans la nature dans un emplacement précis et tu restes jusqu’au vendredi midi sans boire et sans manger. Quand on fait un camp et qu’un jeune garçon doit effectuer ce rite, il faut que les hommes qui ne sont pas encore passés par cette expérience puissent le faire pour ensuite en parler avec lui. C’est une association, Les plume de l’aigle, qui organise ces camps.

 

- Quel est le but de ce livre ?
- Faire passer des messages. Ce qu’il y a d’important à savoir, c’est que dans le monde, il y a un enfant qui meurt de malnutrition toutes les six secondes. Je trouve grave qu’en 2011 ça existe encore. Mon livre remet en question l’humanité, toute proportion gardée, bien sûr. S’il y avait plus d’humanité entre nous tous, déjà le monde serait plus vivable.

- Ton livre se lit comme un polar, mais dans lequel on peut puiser ce que l’on veut. Des philosophies de vie par exemple. Est-ce que tu as eu peur de ne pas être compris en écrivant un livre comme le tien ?
- On n’est pas vraiment compris. En tout cas, quand on me parle du livre, personne ne me parle du message en lui-même.

- Je vais te dire franchement, moi, je me suis dit qu’il rentrait insidieusement dans ma tête. Je ne l’ai pas compris tout de suite. En tout cas, pour un premier roman, je trouve qu’il est ambitieux.
- Quand j’ai écrit ce roman, à aucun moment, je ne me suis douté qu’il allait être édité. Au début tu te dis « j’ai envie de raconter une histoire », et ensuite tu te demandes si tu en es capable. Une fois que tu as le premier contentement, « ça y est, j’y suis arrivé !», tu cherches un éditeur parce qu’après tout, ton livre existe, autant qu’il soit lu par d’autres.

- Tu es déjà en train d’écrire un deuxième livre…
- C’est un livre qui évoque la Deuxième Guerre mondiale. Dans la littérature, il y a deux choses que je trouve très difficiles, c’est de trouver la bonne histoire, je veux dire, intéressante, profonde, plaisante, avec des messages à l’intérieur et puis l’écriture en elle-même. C’est un peu bête à dire, mais moi, à la base, je suis plus un matheux.

- Si tes romans cartonnaient, tu te verrais tout abandonner pour passer ta vie à écrire.
- Non, parce que je suis un humaniste, alors j’aime bien être entouré de gens. Être écrivain à part entière, c’est aussi être solitaire et ça, je ne le peux pas. Je n’aime pas l’idée non plus d’être obligé d’écrire. Dans mon cas de figure actuel, c’est plaisant, tu n’es obligé à rien.

- Est-ce que la morale de ton livre, c’est celle de Luis Ansa ? « Les humains sont pareils à des poissons qui se demanderaient où il y a de l’eau, alors qu’ils sont dedans ».
- Oui, c’est le problème de tout le monde depuis tout le temps. Il faut être optimiste dans sa réalité.

 

Les chroniques de Mandor.
http://www.mandor.fr/

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